SCAPE Architecture. Portrait de Jean-Philippe Hugron. Mars 2023

Fondée à Rome en 2004, SCAPE architecture est couronnée, en France, des Nouveaux Albums des Jeunes Architectes (NAJA) en 2008 ; l’agence s’installe alors à Paris. Les années d’expansion qui suivent cette reconnaissance lui permettent d’ouvrir une troisième adresse à Milan.

Forte d’une vision ouverte, SCAPE architecture porte des projets variés. Parmi eux, un centre de commande à Pantin (2021), équipement complexe assurant la gestion d’une part conséquente du réseau ferré national et francilien. A Rome, l’agence promet, à l’issu d’un concours international dont elle a été récemment désignée lauréate, de compléter le MAXXI, célèbre musée conçu par Zaha Hadid, en créant un ensemble unique où archives et zones de stockage sont mises en scène. Ces deux projets ainsi qu’un pôle logistique à Massy livré en 2022 conduisent SCAPE architecture à développer aujourd’hui une réflexion sur la place des équipements productifs au cœur de la ville contemporaine. L’agence cherche ainsi à repositionner les architectures de l’arrière-scène urbaine en leur accordant, notamment par des usages nouveaux, plus de noblesse.
Des logements à Milan, des bureaux aux Batignolles ou encore le Musée National du Judaïsme Italien à Ferrare complètent ce carnet de références, qui démontre toutes les capacités de l’agence à penser un large spectre de programmes.

Fondatrice de SCAPE architecture, Ludovica Di Falco porte l’ensemble de ces projets et dessine à travers eux les contours d’une pratique engagée. Née à Naples en 1975, élève du Lycée français de Rome, diplômée de la Faculté d’Architecture de Rome mais aussi de la Technische Universität de Vienne, elle se présente volontiers comme entrepreneur. Elle exerce après tout, dit-elle, un métier qui accueille des passions multiples.


Italo-suisse, elle est le produit intellectuel d’une géographie européenne, pleine d’un soleil débordant. Aussi, Ludovica Di Falco, dans l’exercice de son métier, ne se livre jamais à l’esprit de lourdeur pas plus qu’elle ne cède au refuge facile de la légèreté. Elle regrette d’ailleurs que la société ne soit plus capable d’attention. Dans ces circonstances, le livre lui offre souvent le temps de l’épanouissement. Il y a là une hygiène sinon un entraînement ralentissant l’instant, qui, une fois plein de durée, se détourne de l’immédiateté. Il en va, à ses yeux, d’une nécessaire concentration pour une pleine compréhension. Lire un roman, lire Aldo Rossi… mais lire un programme aussi.

Être architecte signifie également être agile pour penser et concevoir sans mécanisme. Mathilde Mouchel, directrice des projets, contribue à cet exercice savant et méticuleux. Formée à Paris-Belleville, passionnée des questions mêlant architecture et urbanisme – son diplôme portait sur l’importance des monastères dans la fondation des villes – elle nourrit l’agence de thématiques nouvelles tant sur le patrimoine que la transformation, développées quinze ans durant aux côtés de Philippe Prost, Grand Prix National d’Architecture 2022.

Ces deux parcours résolument différents n’engendrent pas la fragmentation des compétences. SCAPE architecture œuvre sans cesse dans la compréhension totale du projet. L’agence se montre de fait présente de la conception à la réalisation pour expliquer ses intentions avec précision. Partager et transmettre un projet lui est véritablement essentiel. Et pour cause, l’architecture n’est pas qu’un métier de création. Elle est une responsabilité où le chantier débute au premier coup de crayon. Autrement dit, un projet est toujours dessiné en fonction de sa bonne réalisation. Il en va de la science et de la conscience d’une pratique avant tout patiente de l’art de bâtir. Ainsi SCAPE architecture.